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Arthur de Noir de Cambon

16 Aout 1894 - Nécrologie de Roquecourbe

 

    La mort de M. Arthur de Cambon inspire à un de nos amis les lignes suivantes :

Monsieur Arthur de Noir de Cambon est mort à Castres le 11 AOUT 1894 dans la 84ème année de son âge ; 

vieux célibataire, en lui s'éteint une famille des plus honorables du pays Castrais, dont quelques membres ont eu rang à la Cour.

Le dernier des Cambon a vécu presque tout le 19ème siècle dans une société en désaccord avec ses traditions de

famille et ses goûts personnels ; aussi faisait-il contraste par son insouciance du lendemain, son mépris du

savoir-faire et la fidélité à ses croyances.

 

    Dans sa vie comblée de plus de jours que de biens, M. Cambon a vu passer une demi-douzaine de gouvernements,

sans compter celui qui confisqua la majeure partie des biens de sa famille : il aurait fallu beaucoup d'habilité

pour ressaisir et garder les épaves d'une grande fortune, dans un temps où il était plus facile d'acquérir que

de conserver ; et M. de Cambon n'était rien moins qu'un habile.

 

    Un exemple à son honneur : sa tante donne une propriété aux pauvres de Roquecourbe ; le testament est entaché

d'un vice de forme, on le fait remarquer à l'héritier qui répond à l'homme de loi : l'intention de ma tante

était de donner aux pauvres, je ne la leur discuterai point.

 

    A ce moment, sa fortune était déjà fort réduite, il acheva de la perdre en des largesses de gentilhomme. Aussitôt

les gens pratiques lui reprochèrent de n'avoir pas gardé quelque chose pour ses vieux jours ; il est certain qu'avec

plus d'argent, il aurait eu plus de considération, le veau d'or étant adoré plus que par les juifs. Mais il avait

cédé à sa nature généreuse et acceptait philosophiquement son infortune. Arrivé aux pommes de terre en robe grise,

il se disait, ton père a vécu sur la terre d'exil, tu peux bien les manger sur la terre de FRANCE et ce stoïque 

restait conservateur alors qu'il n'avait plus rien à conserver, ... pas même l'espérance d'une restauration.

Les vrais fidèles du ROI sont comme la Madeleine du Christ : après avoir vu mourir leur Dieu, ils attendent encore

sa résurrection.

Cette foi immuable en ce que l'on croit doit être le bien donne une grande force à ceux qui les professent ; mais 

au-dessus des opinions des hommes, il y a la volonté de celui qui mène les évènements de la terre et ce que l'on

croit être le bien peut être le mal, aux yeux de Celui qui voit l'avenir.

 

A ce sujet Montaigne disait :

     Aime l'état tel que tu le vois être

    S'il est Royal aime la Royauté

    S'il est de peu au bien Communauté

    Aime l'aussy, car Dieu t'y a faire naistre.

 

    Monsieur de Cambon s'en était tenu à l'opinion de ses pères, ne cherchant pas à remonter le courant qui l'entrainait

vers des perspectives nouvelles ; il était désintéressé, convaincu, par conséquent respectable.

Il n'y a guère que les riches, les puissants dont les tombes soient courronnées de fleurs ; il nous est agréable de

marquer une exception en saluant dans Mr de Cambon, dans ce deshérité, un galant homme de l'ancien régime et un

honnète homme de tous les temps.

 

 

    Après avoir vécu pendant de nombreuses années dans un état bien voisin de la pauvreté. Né le 26 Juillet 1811, M. Arthur

de Noir de Cambon était le dernier rejeton d'une des plus illustres familles du pays.

Le défunt descendait :

 

    1° de Jacques de Noir de Cambon marié à Demoiselle Aldouze de Tholose et de Lautrec

    2° de noble Marc Antoine de Noir de sieur de Cambon, marié le 28 mars 1651 à dame Françoise de Tonnac d'Alaus.

    3° de noble Marie Urbain de Noir seigneur de Cambon et de Lacrouzette, lieutenant-colonel au régiment de huassards

    et chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, marié le 11 Décembre 1708 à dame Isabeau de Pérois.

    4° de Messire Honoré de Noir de Cambon, écuyer, capitaine au régiment de Navarre, marié le 16 Novembre 1743 à demoiselle

Bernardine Payen, décédé à Castres, le 18 Novembre 1772, laissant de son second mariage contracté le 14 Février 1740 à

Jeanne Esther de Rotolp de Lacadevèze, fille de Louis de Rotolp seigneur de Ladevèze, Lempaut, Saint Germain et autres

lieux et de dame Marguerite de Ligonnier, trois enfants, savoir :

 

    1) Messire Urbain de Cambon, capitaine au régiment de Condé cavalerie, né le 26 Février 1747 décédé sans postérité.

    2) Jeanne-Antoinette de Noir de Cambon, née le 10 Novembre 1752, décédée sans postérité.

    3) Messire Louis de Noir de Cambon, sous-lieutenant au régiment de Condé, né le 3 Février 1756 décoré le 8 novembre

    1815 de la croix du mérite militaire, marié le 6 Juin 1808 à demoiselle Claire Jeanne de Calvayrac du Pujol.

 

C'est de ce dernier mariage que naquit Arthur de Noir de Cambon.

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