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La Saint-François

Fête de la Saint-François dans les années 1887

 

  - La Saint-François fête votive de Roquecourbe en 1887 (pas d’électricité, pas de train).

 

 Son origine.

 

 - La Saint-François d’Assise Saint patron de Roquecourbe tombe le 4 octobre.

 

 - La fête se célébrait ce jour-là si c’était un dimanche, mais à défaut le dimanche et le lundi suivant, jamais avant le 4 octobre.

 - Huit jours après la fête, la Saint-Francesou (Petit François en occitan).

 

Préparatifs : une bonne semaine avant.

 

  - Les ménagères mettent de l’ordre dans leur maison, nettoient tout, lessivent, astiquent les chaudrons en cuivre, rétament les couverts, etc., afin que les invités (de règle toute la proche parenté) trouvent tout en parfait état. Achat de cochon.

 

 -  Les hommes s’affairent aux vendanges car il est de règle qu’on doive ce jour-là goutter le vin nouveau en famille.

 

 - Les jeunes gens se réunissent en comités et se distribuent le travail des préparatifs : édification de la place du bal au Pontet avec pour toiture des toiles d’emballage prêtées par les commerçants ; commande des musiciens (clarinette, cornet à piston, trombone, basse, grosse caisse) aux ouvriers mélomanes de Castres ; fabrication des torches (étoffes enduites de résine fixées sur un bâton ; commande de fleurs en papier que l’on distribuera moyennant finances.

 

 - Les jeunes filles préparent leurs toilettes.

 

 - Les enfants rêvent, repassent leurs impressions de l’an passé et dès le jeudi attendent l’arrivée du manège des chevaux de bois et au montage de cette unique attraction pour eux, choisissent leur future monture.

 

 - Ordinairement le saltimbanque "Papillon" s’instituant "Le roi de la misère, garde des pommes de terre" vient faire une tournée dans le pays cette semaine précédant la Saint-François (Acrobaties de Rigolo, Rigoletto ses enfants, chiens savants présentés par sa femme.

 

La Fête

 

 - Elle commence le samedi, on va attendre les musiciens véhiculés par Adam, descendus à Mirengo, ils font leur entrée dans la ville en fanfare.

 -  Tous les invités sont arrivés, on soupe…

 -  A 8h toutes les filles qui veulent danser sont réunies chez l’une d’elles. Jeunes gens et musiciens vont les prendre et un cortège en musique fait le tour de ville le tout éclairé par des torches résineuses éclairant mal et dégageant beaucoup de fumée âcre et noire. Bal jusqu’à minuit !

 

Le dimanche :

 - Vers 6 à 7h Jules Guignol avec son tambour dont il joue merveilleusement, fait l'aubade aux Roquecourbains susceptibles de lui donner une étrenne.

 

  - A 8h cortège des membres de la société de Saint-François précédé par la bannière portée par "Blondin" et distribution de fleurs en papier.

  -  A 10h messe à l’Église avec le concours des musiciens.

  - A 14h concert au Pontet par la Lyre Roquecourbaine de Bondouy : Gustave Fosse au tambour, Émile Fosse au triangle, clarinette renforcé par des petits élèves des frères Bondouy et autres.

 - De 14h30 à 18h bal sous la tente. Cavaliers excentriques, Liffraud Élisé (grand-père de Rosa) et Léon Cormary (le compagnon) ailes de pigeons, marche sur les mains etc. Une danse, polka, mazurka, quadrille, une autre danse, un autre quadrille car à chaque quadrille les guetteurs redonnent 2 sous à chaque cavalier, les danses se payent.

 - Souper et à 8h de nouveau on va chercher en musique et en cortège les filles. Bal de 8h à minuit.

 

Comme baraque : Chevaux de bois (M. Bonnet prend des abonnements pour les petites filles, Mme Adelbert et les petites Galtier les présentent afin qu’elles puissent user et abuser de cette distraction sans avoir à payer à chaque tour, (le manège est actionné par un cheval) ; tourniquet ; marchand de guimauve et de bombons.

 Lavergne montre des vues de différentes villes, un jeux d’arbalète de Piaroudou, caisse avec des petits contre-vent portant des numéros que l’on peut abattre avec une flèche et gagner le nombre d’amandes grillées porté sur le volet tombé, tir aux pigeons, etc.

 Les paysans après avoir parcouru les distractions vont (en se tenant par le petit doigt) danser à Mirengo avec Biniou (surnommé la Graille) comme orchestre ; à minuit tout le monde va se coucher.

Le lundi :

 - Foire le matin au Puisoir avec la présence de "Pascot" charlatan de Carmaux qui arrache gratis les dents (au bruit infernal de ses musiciens et vend de la poudre pour les rats  «  si cela ne les tue pas, ça les engraisse » dit-il).

 

 - Bal l'après-midi et le soir et à minuit la Buffatièro pour clôturer le premier dimanche de fête.

 

Le mardi matin tous les métiers repartent.

 

La Saint Francesou.

 

 - Huit jours après avec en général les mêmes baraques, mais moins de monde au bal.

 

  « Mes parents me donnaient cinq sous pour le jour de la Saint-François, trois pour le lendemain et deux pour la Saint-Francésou ; heureusement que souvent, le Père de Louis Pech qui descendait à Roquecourbe me donnait dix sous et me rendait de ce fait aussi riche que Crésus ».  (Source famille Cluzel/Servat)

Autre témoignage année 1915 / 1920

  « Au début du mois d'octobre avait lieu la fête du village, "la Saint-François", c'était la grande fête locale de l'année. Ces festivités attiraient beaucoup de monde ; aussi, jeunes et moins jeunes s'en donnaient à cœur joie ».

  « Le lendemain de la fête, les enfants n'avaient pas classe, les usines fermaient leurs portes ce jour-là et le dimanche suivant, la fête continuait, c'était "La Saint-Francésou". A cette occasion les familles invitaient beaucoup : parents, amis et ne regardaient pas à la dépense, cela n'arrivait qu'une fois dans l'année ! Les ménagères se surpassaient pour faire honneur aux invités qu'elles recevaient à leur table ».

  « Avant de les abattre, les bouchers précédés du garde champêtre avec son tambour ou son clairon, promenait dans les rues du village les bêtes enrubannées, ceci afin d'avertir les maîtresses de maison pour qu'elles aillent à la boucherie choisir ce dont elles auraient besoin pour régaler leurs convives ».

  « Les pâtisseries se faisaient aussi à la maison. Un ou deux étameurs ambulants s'installaient sur les places du Pontet ou de la Mairie ; leur travail consistaient à remettre à neuf les couverts et les ustensiles en fer dont on se servait tous les jours  et qui noircissaient à l'usage. Ces derniers, après avoir été trempés dans un bain d'étain, ressortaient comme neuf, ce qui faisait la fierté des ménagères ».

  « Les gens aux alentours venaient nombreux pour participer aux réjouissances du village ; certains venaient à bicyclette, mais la plupart venaient à pied ».

  « En ce temps là ce sont les "Enfants Castrais" qui venaient avec leurs musicien et leur fanfare. Dès 8h30 ils arrivent par le petit train, ils déposent leurs instruments à l'école publique puis vont déjeuner chez "Marissou". A 9h30 ils partent en défilant pour aller sur la route de Labessonnié chercher le Président de la "Société du Secours Mutuel", Monsieur Victor Laur qui les attend sur le pas de la porte, bannière de la Saint-François en tête ; ensuite, ils passent prendre le vice- président et se rendent à l'Église pour la messe de 10h ».

  « La grosse caisse est portée sur le dos par "Galine", l'instrumentiste se contentant de le suivre avec cloche et cymbale. A l'Église, ils s'installaient pour la messe à l'endroit même où l'Éveil Roquecourbain prend place aujourd'hui. La quête ce jour là est faite au profit de la société du secours mutuel par le trésorier de la société Auguste Laval, sous le regard sévère du "Suisse" Léon Paulin en grande tenue ».

  « A midi, le repas est offert aux musiciens  au restaurant "Louis Record" chez "Marissou ". Un reçu du 6 octobre 1912 atteste qu'il y a eu ce jours là 58 convives à 2 francs l'un, soit une somme de 116 francs. La date du 6 octobre ne doit pas étonner, car la fête locale avait lieu à cette époque, le dimanche suivant la Saint-François liturgique, soit le 4 octobre ».

 

  « L'après-midi, un train supplémentaire était mis à la disposition des Castrais, ce dernier s'arrêtait plusieurs fois en route pour prendre les voyageurs qui venaient à la fête et ne repartaient que très tard dans la nuit. Que de monde et quelle ambiance ! Autour de nombreux manèges qui occupaient tout le Puisoir (*1), ainsi que devant les baraques et les stands des forains qui prenaient toute l'allée des Promenades (*2) jusqu'au jardin public, avec des loteries où l'on gagnait oies, canards, lapins etc., des lotos, des tirs aux pigeon, et même un tir avec des tomates bien mûres pour faire basculer un chapeau placé sur la tête de qui voulait se prêter à ce jeu, et dont quelques espiègles visaient plutôt le visage, sans oublier les marchands de jouets et de bonbons »..

  « L'après-midi avait lieu le concert des Enfants Castrais au  jardin public, pas trop tard, afin qu'un premier bal puisse avoir lieu avant le repas du soir, les musiciens du bal n'étaient que les membres des meilleurs des Enfants Castrais ».

  « Le dimanche soir, la danse de la  "buffatière" que les jeunes gens dansaient en rond, accoutrés d'une longue chemise blanche, d'un bonnet de nuit et d'un soufflet rempli de farine que le meunier se faisait un plaisir de leur procurer et qu'ils lançaient à profusion sur les badauds qui assistaient à cette farandole ».

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