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L'église Saint François d'Assise 

                                                                                                Le Préfet, Baron de l'Empire

                                                                                                 P.J.M Baude  signé

-Pour extrait conforme:

-Le secrétaire général de la Préfecture : Azaîs-Oulès.

                      « La présente organisation a été signée par les membres présents»

   - La paroisse est pauvre, et malgré que le budget soit peu important il se solde par un déficit, en 1811les dépense nécessaires s’élevant à la somme de 519 francs et les recettes à 258 francs. 

Le déficit est installé presque en permanence dans le budget, aussi, dès qu'il y a une réparation à faire, si minime soit elle, ou un achat à effectuer, la fabrique est dans l'obligation de faire appel à la commune et au département.

  Les paroissiens de Roquecourbe devaient se ranger à l'avis du brave homme, qui, pour protester contre le proverbe: Pauvreté n'est pas vice, ajoutait: Et moi je dis qu'elle est un vice et bien gros. De fait, la pauvreté incurable agit sur un homme, ou sur une communauté, à la manière d'un vice; elle les diminue au physique et au moral.

En 1811, au moment de la constitution du conseil de la fabrique l'église était petite, puisqu'elle ne comprenait que la nef de l'église actuelle.

Le commerce avait repris et des fabriques nouvelles s'étaient installées à Roquecourbe. La population avait augmenté,et l'église déjà trop étroite avant la Révolution, l'était devenue bien d'avantage avec les nouveaux paroissiens qui c'étaient ajouté à ceux qui étaient sur place. A tel point qu'une partie de la population &tait dans l'obligation d'entendre la messe de l’extérieur de l'église.

Cette église, d'ailleurs, était loin d'être en bon état. Qu'on en juge par cet extrait d'une délibération du Conseil de la fabrique du 5 Avril 1812.

  « Un membre du bureau dit au conseil séance tenant, qu'il y a des réparations extraordinaires et urgentes à faire aux bâtiments de l'église te du presbytère, qui ne sont pas comprises dans le budget»

  1° qu'une partie du mur extérieur du chœur et du sanctuaire a commencé à s'écrouler de manière que si on n'y remédie pas promptement le chœur va tomber, et le service divin sera nécessairement suspendu pour la paroisse, sans qu'il puisse être continué dans une autre chapelle de l'église étant donné qu'il n'y en a pas.

  2°que le toit du clocher étant percé en plusieurs endroits, les pluies ont entièrement gâté et pourri, le plancher en sorte qu'on ne peut y monter sans exposer sa vie. Le sonneur de cloches risque journellement de tomber avec le plancher et périr.

  3°quand au presbytère, il y a de grandes réparations à faire. Plusieurs planchers tombent en ruine, il y a des fenêtres qui ne sont pas fermées, mais la réparation la plus urgente c'est de réparer le mur qui donne sur la rivière, en rétablissant une jetée ou digue, qui le défendait autrefois contre le courant de l'eau. Cette jetée a été emportée depuis quelques années, et si l'on ne s'empresse pas de la rétablir, le courant de l'eau qui se porte avec force contre ce mur achèverait de miner ses fondements qui sont déjà très dégradés. Tout le corps de cette maison porte sur ce mur principal, de manière que si le dit mur n'est pas bientôt réparé toute la maison curiale ne peut que s'écrouler, se qui serait une grande perte pour la commune, et qui serait irréparable. C'est donc la première réparation à faire et la plus urgente, elle ne peut se faire que pendant l'été quand les eaux sont basses.

Les réparations dépassent les possibilités de la fabrique, celle ci fait appel à la commune conformément aux articles du chapitre IV du décret impérial du 30 décembre 1809. Elle demande en même temps au préfet que des gens de l'art, en présence d'un délégué du conseil municipal et d'un marguillier, dressent le plus promptement possible un devis estimatif des réparations. Elle lui demande en outre d'ordonner que les réparations soient faites aux frais de la commune.

L'importance et surtout l'urgence de ces réparations, selon l'expression du conseil de fabrique, firent que les travaux furent exécutés sans retard. Quand il s’agit d'un vieil édifice, une réparation faite en appelle une autre. Onze ans plus tard il fallut songer à l'intérieur qui laissait bien à désirer,et  pour en arriver à bout demander un secours à la commune.

  Le 2 décembre 1823, le trésorier de la fabrique a justifié les dépenses du budget de la présente année, et prenant la parole en conseil, il dit:

  « 1° Que les murs intérieurs du chœur et du sanctuaire auraient besoin d'être recrépis avec du mortier et du plâtre, le tout ensuite bien lissé et blanchi au lait de chaux, que, de plus, les murailles intérieures de la nef, ainsi que les planchers qui sont en dessus, soit de la nef soit du chœur et du sanctuaire  devront être aussi blanchi au lait de chaux, que cette opération pourrait se porter à la somme de 50 francs. Que d'ailleurs se travail sera porté aux enchères.....

  2° M. le trésorier a dit enfin qu'il y avait autrefois dans l'église deux confessionnaux, l'un pour 

M.le Curé, l'autre pour M. le Vicaire, tous deux furent détruits dans les temps orageux de la Révolution, que depuis le rétablissement du culte de la paroisse avait fait construire un confessionnal, à la vérité très mal fait et dont se sert actuellement M. le Curé, mais si Mgr l'Archevêque veut envoyer un vicaire, il serait nécessaire de se procurer un second confessionnal qui fut semblable à celui qui vient d'être placé dans l'église succursale de Saint Jean de Vals, qui a coûte 50 francs, il est très bien fait. D'ailleurs ce travail serait livré aux enchères . En conséquence le conseil a unanimement voté  la somme pour la construction d'un confessionnal sur le modèle de celui de l'église de Saint Jean de Vals».

   -L'article 3 de cette même séance était pour exposer le besoin de la paroisse d'avoir un vicaire comme avant la Révolution, Roquecourbe chef lieu de canton, endroit de commerce et de fabrique, attire tous les dimanches beaucoup d'étrangers. Comme la paroisse est pauvre et qu'il ni a de casuel ni pour le curé, ni pour le vicaire, la fabrique demande à la commune d'assurer un traitement de 150 francs au futur vicaire.

  L'article 4 demandait un supplément de traitement pour M. le Curé, qui malgré son âge et ses infirmités assurait la deuxième messe le dimanche depuis 19 ans et desservait péniblement la paroisse. Le casuel (2) était  à peu près  inexistant et quand il aurait pu y en avoir, M. le Curé ne l'exigeait pas tant les catholiques étaient pauvres.  Ils n'avaient même pas assez de messes pour toute l'année et ils témoignaient du regret de ne pouvoir assister les plus pauvres de ses fidèles. L'augmentation de traitement risquait de faire établir un impôt d'octroi dans la commune. M.le Curé ne voulut pas courir ce risque, il renonça au supplément de traitement, préférant ajouter la pauvreté aux infirmités et misères de son âge.

L'Intérieur et  l'extérieur de l'église réparés, l'espace était resté le même, et le population augmentait de jour en jour, la nécessité d'agrandir l'église se faisait sentir avec un caractère marqué d'urgence. C'est l'opinion commune, et le conseil de fabrique s'en fait l'écho à la réunion du 3 octobre 1824

   - Un membre prenant la parole à dit: «que dans l'église paroissiale de Roquecourbe, chef lieu de canton,on n'y voit que le seul maître-autel sans aucune autre chapelle, que le ci devant l’Évêque de Castres,L. De Royère, trouvant cette église trop petite pour contenir tous les paroissiens, avait ordonné dans sa visite pastorale,que, pour l'agrandir, deux chapelles seraient bâties à chaque côté vis à vis l'une de l'autre. Mais cette ordonnance ne fut pas exécutée parce que la révolution survint de suite. Et aujourd'hui le nombre de paroissiens ayant augmenté au moins d'un tiers par l'effet de la nouvelle circonscription, et de nouveaux établissements de commerce qui s'y forment de jours en jours, et qui attirent beaucoup d'étrangers,il arrive que presque la moitié des fidèles sont obligés pendant les saints offices de rester hors de l'église. Donc aujourd'hui, à plus forte raison, cette église devrait être agrandie aux moyens de deux chapelles qui furent autrefois projetées, l'une du côté du septentrion, et l'autre du côté du midi.

Le local de celle du septentrion ne peut être pris que dans la partie du jardin contiguë à l'église, et lui appartenant autrefois, et qui pendant la Révolution fut vendu au Sieur Delmas, qui veut bien le céder moyennant une indemnité préalable. La chapelle du midi ne peut être placée que dans le local occupé par l'écurie du presbytère. M.le Curé veut bien la céder pourvu qu'on lui bâtisse une autre écurie.

Il a dit encore que tous les murs extérieurs de l'église, du clocher et même du presbytère ont besoin d'être recrépis à nouveaux. La crépissure étant tombée, on y voit de grands trous et crevasses, que toutes ces nouvelles constructions et réparations coûteront une somme considérable. On évalue le tout à dix mille francs environ. La fabrique n'a d'autre revenu que le loyer des chaises dans l'église, ce qui n'est pas grand chose dans une commune dont les catholiques sont en général fort pauvres, car presque tout les propriétaires sont protestants. La commune n'a pas non plus de bien communaux, il faut par conséquent avoir recours à la générosité du gouvernement.                              

Après avoir entendu ces paroles, le conseil reconnaissant que l'exposé, qui vient de lui être fait, contient toute le vérité a unanimement résolu qu'il serait transcrit en entier sur le registre des délibérations de la fabrique comme étant le fond et le sujet de sa propre délibération actuelle, dont il serait expédié deux extraits conforme pour être adressés, l'un à Mgr l'Archevêque d'Albi, et l'autre à Mr le Préfet du Tarn, avec prière de bien les prendre en considération, chacun en ce qui les concerne et d'aviser en même temps à tous les moyens de droit pour que ces constructions et réparations soient faites aux plus tôt possible, et on signé tous les membres du conseil» 

  Il est probable que les petites réparations, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur furent faites sans trop de retard, mais les deux chapelles durent encore attendre de longues années. Nous en avons témoignage dans la plainte de Joseph Pauli, maire de Roquecourbe et membre de la fabrique, fait entendre dans la réunion du 1° janvier 1826.

   - En demandant que la cure de Roquecourbe soit élevée de la 2° classe à la 1° classe, il souligne que l'église est beaucoup trop petite pour contenir la population catholique qui augmente de jours en jours « par de nouveaux établissements qui se forment soit en tannerie, soit de manufactures de bonnets, de bas, de draps».

   - Les encouragements ne devraient pas manquer, ni d'un côté ni de l'autre, pas plus que les promesses, mais les subsides n’étaient pas accordées. La paroisse était fort pauvres, la commune était loin d'être riche, aussi fallut ajourner longtemps le projet de reconstruction et l'agrandissement de l'église.

Il nous est facile de deviner ce que durent éprouver nos devanciers dans l'église ancienne, avec l'expérience d'une année passée dans la salle de spectacle ( salle Jeanne d'Arc) (3) transformée en église provisoire. Que leur foi et leur esprit de sacrifice nous aide à prendre en patiente notre présente épreuve. Je ne sais sous quelle influence les fonds furent accordés, mais les travaux furent commencés au mois avril 1839, ils ne devaient être terminés qu'au mois d'avril 1842.

  Le bref procès verbal de la bénédiction de la nouvelle église indique cette durée des travaux, en même temps que les moyens de les solder:   « L'an mil huit cent quarante deux et le vingt neuf du mois d'avril à eu lieu le bénédiction solennelle de l'église de Roquecourbe, par Monseigneur François Edouard de Gualy, archevêque d'Albien présence de nombreux clergé et d'un grand concours de fidèles. La dite église avait été reconstruite sur le sol de l'ancienne, moyennant les impositions de la commune, et la subvention de l’État, une souscription spontanée des habitants de Roquecourbe, et de nombreux travaux gratuits. Cette reconstruction, commencée en avril 1839 fut terminée le 28 avril 1842.»

                                                    Signé: BONNET (vicaire)

   -Par la reconstruction et l'agrandissement de l'église on avait paré au plus pressé, on avait permis à l'ensemble de la population d'entrer dans l'église et d'assister convenablement aux divers offices de culte. Il ni avait ni plafond, ni voûte, quelques planches cachaient la charpente et la toiture d'une manière sommaire. L'intérieur de l'église manquait de  dignité. Cette remarque faite par les membres de la fabrique, qui décident, le 18 Avril 1852, de faire un appel de fond pour la construction de la voûte.

  « Le conseil a décidé qu'il était urgent de s'occuper de faire le plafond ou voûte de l'église, et comme la fabrique manque de fonds nécessaires pour la confection de cette partie de l'édifice, on adressera une demande de fonds dans ce but à la commune, non pas qu'on attende d'elle quelques secours, ses ressources étant absorbées par l'emprunt qu'elle a contracté pour solder les travaux de construction de l'église, mais pour que l'administration municipale fasse elle même cette demande au ministre des Cultes».

  L'affaire de la voûte ne traîna pas en longueur comme celle de la construction de l'église, puisque en moins de deux ans la voûte fut terminée et l'église solennellement consacrée par                      Mgr L'Archevêque d'Albi.                                                                                                                                   

   - Le procès- verbal suivant de la fabrique nous fournit le détail des travaux exécutés, le nom des entrepreneurs et les sommes dépensées tant pour la construction de la voûte que pour la décoration intérieure de l'église.

  « L'an mil huit cinquante quatre et les sept Mai,jour de dimanche, a eu lieu la consécration solennelle de l'église de Roquecourbe selon les rites et cérémonies du Pontificat romain, par Mgr Jean Joseph Marie Eugène de Jerphanion archevêque d'Albi, en présence de nombreux clergé et d'un concours immense de peuple de la paroisse de Roquecourbe et des paroisses circonvoisines.

   -La construction de l'église de Roquecourbe commencée en Avril 1839, avait été terminée le 28 Avril 1842. Le 29 Avril de la même année, l'église avait été solennellement bénite par Mgr de Gualy archevêque d'Albi. Mais cet édifice avait été laissé sans voûte ni plafond, ni aucune décoration jusqu'en 1853. A cette dernière époque, au mois d'octobre, on entreprit les travaux de la voûte à faire au dessus des trois nefs,le sanctuaire ayant déjà sa voûte.

 Ces travaux furent confiés à M. Vidal, maître plâtrier de Castres, qui se chargea moyennant la somme de 3029 francs de construire des voûtes à arêtes avec double brique sur les toits des nefs, avec doubleaux à chaque séparations de travée, et de plus à peindre les voûtes, faites par lui, bleu de malt, clair, moins les arêtes et arcs-doubleaux qu’il s'obligea à peindre couleur pierre; moyennant cette même somme il s'oblige à plâtrer et à peindre tous les murs visibles à l'intérieur de l'église.

 A cette somme de 3029 francs fut ajoutée celle de 200 francs pour quatre pilastres et 4 demi-pilastres et embrasures des croisées, celle de 120 francs pour façon  d'étoiles d'or et d'argent à placer sur l'encadrement des voûtes, celle de 350 francs pour moulures a faire aux arcs doubleaux et arceaux portant les voûtes et du lambris peint à l'huile faux bois dans tout le pourtour de l'église à 2m30 de hauteur, ainsi que les 12 croix de consécration, enfin celle de 800 francs pour peindre la voûte du sanctuaire avec médaillons et arabesques, rehaussés d'or, pour plâtrer et décorer le porche de l'église, repeindre la table de communion, des portes, des bancs, et faire 12 moulures en plâtre pour encadrer les 12 croix de consécration, et tracer sur le pavé de l'église et peindre à la colle rouge et noir la croix de Saint André consistant en alphabet grec et l'alphabet latin,celui-là commençant à l'angle gauche de la grande nef et allant se terminer à l'angle droit de bas en haut et celui-ci commençant à l'angle droit et allant se terminer à l'angle gauche aussi de bas en haut.

  Mr Vidal s'est fait aider dans ces travaux de décoration par Mr François Chazottes, qui a peint les arabesques et les moulures,  et par Mr Roques qui a peint sur toile les médaillons des quatre évangélistes, tous deux de Castres. La somme totale attribuée à Mr Vidal pour tous ces travaux, s'élève au chiffre de 4499 francs, Mr Galinier marbrier de Caune, a fourni un autel avec tabernacle et de plus deux bénitiers et deux crédences, le tout en marbre; pour ces objets il lui a été alloué une somme de 1000 francs et le viel autel avec tabernacle en marbre évalué à 200 francs.

  Mr Estadieu, ébéniste de Castres, a fourni la gloire qui couronne le tableau du sanctuaire, ouvré par lui, et dorée à l'huile par Mr Ricard, et de plus un porte missel pour le pris de 283 francs. Il a été acheté  des livrets d'or et d'argent pour étoiles aux voûte 60 francs . Mr Laffon, ébéniste à Soual frère de Mr Laffon, curé de Roquecourbe, et beau-frère de Mr Bonnet, vicaire,a fourni les lambris du sanctuaire, placés depuis une dizaine d'années et la porte intérieure de l'église. Ce dernier objet a coûté 280 francs.

  Tous ces divers tableaux de construction des voûtes et de décorations, commencés au lois d'octobre 1853, ont été heureusement terminés le 6 mai 1854, veille du jour solennel de la consécration de l'église. Pour cette fête, la Fabrique a acheté: une garniture de grands chandeliers avec croix au prix de 260 francs, des canons d'autel au prix de 40 francs et 12 girandoles pour être placées au dessus des croix de consécration au prix de 32 francs.

                         Somme totale dépensée pour voûtes et décoration: 6454 francs.

 

 

   - Cette église était agrémentée d'un clocher, dont le dessous formait un porche protégeant l'entrée de l'église. Le clocher était une tour carré, massive, construite avé l'appareil de l'église, c'est à dire avec la pierre du pays, pierre noire, contenant du fer et du souffre, friable à l'air. Cette tour était couronnée par un toit à quatre versants couvert de tuiles. Le toit de l'église à son faîtage s'élevait à quinze mètres de hauteur et le clocher de trois à quatre mètres au dessus de la toiture de l'église.

  Pendant longtemps il n'y eut qu'une seule cloche dans ce clocher; ce n'est qu'en 1888 que l'on ajouta une seconde cloche plus petite que le première.                                                                                        

 La première, qui pèse 283 kg et le battant 12 kg , porte les inscriptions suivantes:

      Sainte Francisque o.p.n         Parrain:      MR Pierre Gantet

                                                  Marraine:  Mme Rosalie Paulin

                                                                    Mr Joseph Paulin, Maire

                                                                    Rouanet: curé  

Vient ensuite une représentation en relief de la Croix et  de la Sainte Vierge.

                                                 Triadou    Fondeur       Rodez

                                                 Paroisse de Roquecourbe

 

La seconde qui pèse environ la moitié du poids de la première, porte les inscriptions suivantes:

                                                 Paroisse de Roquecourbe 1888

                                                 Ad marjorem Dei gloriam.(4)

                                  Franier frères              Fondeurs à Robercourt  Vosges

Vient ensuite une représentation en relief du Christ, de la Sainte Vierge et de Saint Joseph. ( 5 )

   -Vers 1890 Mme Batigne, femme du maire de Roquecourbe voulut doter l'église d'un clocher plus élevé et plus beau que cette tour qui se détachait à peine de l'édifice. Elle fit démanteler la tour jusqu'au toit de l'église et de la fit élever une nouvelle tour de 12 mètres à deux étages, ornementée sur ses quatre faces de deux hautes fenêtres avec abat-son, le tout construit en belle pierre du Sidobre. Au dessus de cette tour elle fit placer une flèche élancée de 11 mètres, ornée de quatre élégants clochetons et surmontée d'une croix de fer. La hauteur totale du clocher était de 36,60 m au dessous de la croix.

  Roquecourbe était doté d'un beau clocher, mais l'ouvrage était fragile. Après quelques années, le clocher dût donner des inquiétudes, à en juger par les témoins qui furent posés ça et là à tous les étages. Il était construit sur un sol mouvant, formés d'alluvions déposés là par l'Agoût dans les temps anciens. On s'en était certainement rendu compte puisque, m'ont dit des vieillards qui ont été interrogés, quand on voulu élever le clocher, on commença par enfoncer des arbres, des aulnes, dans le sol sous le porche. Ce n'était pas suffisant pour arrêter le mouvement du sol, les arbres ne formant pas un bloc compact.

   -De plus, la partie la plus élevée et la plus belle, celle qui se trouvait au dessus de la toiture de l'église écrasait de sa masse de pierre du Sidobre le dessous, qui était construit en petit appareil avec la pierre noire et friable du pays. Le travail de désagrégation devenait de jours en jours plus visible dans toute les parties et sur toutes les faces de l'édifice.

Dès mon arrivée dans la paroisse en août 1932, je fus frappé par ces divers signes de dislocation. Par mesure de prudence je fis visiter le clocher par le R.P. Michel, architecte de l’abbaye d'En Calcat, qui vint le 22 novembre 1932. Il prescrit des travaux d'inspection pour maçons et charpentiers, afin de déceler les causes du danger. Il signala en même, temps le mauvais état des voûtes, état qui pouvait, d'un moment à l'autre devenir critique.

Le 15 avril 1933, sur le conseil du R.P.Michel, je fit venir Mr Cassan d'Albi spécialiste des travaux de voûte. Celui signala, dans un rapport déposé aux archives, l'affaissement des arc-doubleaux de la nef centrale et certains départs des voûtes des bas-côtés complètement désagrégés. Il prescrivait des réparations immédiates pour éviter, dans un premier temps, de grands travaux.

   - Le résultat de ces diverses inspections fut communiqué en temps voulu à l'autorité municipale, 

Mr Victor Laur, maire de Roquecourbe, fit venir à son tour Mr Henri Boissière, ingénieur en chef du service vicinal du Tarn à la Préfecture d'Albi. Par deux fois, le 15 avril 1933 et le 2 mars 1938,

Mr Henri Boissière constata un travail lent mais progressif dans le clocher, en même temps que le mauvais états des voûtes. Il devait venir une dernière fois pour conclure, lorsque la guerre et la défaite d'abord, la mort de Mr Henri Boissière et de Mr Laur, arrêtèrent momentanément l'inspection d'un édifice qui donnait des inquiétudes de plus en plus vives .

La municipalité dissoute fut remplacée par une délégation spéciale municipale, dont le premier soin fut de constater l'état de tous les immeubles municipaux qui avaient besoin de réparations. 

Les travaux de l'église furent reconnus de première urgence.

Un ingénieur de la Préfecture vint deux fois, en avril et en mai 1941, visiter en détail le clocher et la voûte, et le résultat de ces deux inspections fut que l'église devenait un danger public. Après lecture de ce rapport, le Préfet d'Albi demanda au maire de Roquecourbe d'interdire l'entrée de l'église et le stationnement sur la place de l'église. L'arrêté fut pris le 26 juin1941 et communiqué aux fidèles aux messe du surlendemain, dimanche 28.

Le culte cessa dans l'église après la messe du lundi 29, et tout le mobilier fut enlevé avec le concours dévoué de beaucoup de fidèles. Les chaises et les stations du chemin de croix furent déposées dans la salle communale de la musique, tous les bancs dans les combles de la maison Guy, les lustres et candélabres électriques dans la grange du moulin, les statues dans un appartement de la ferme Pouget à l'isle.

Pendant la semaine suivante la messe fut dite dans la chapelle privée de l'école libre, tandis que les marguillières et quelques fidèles aménageait la salle paroissiale en église provisoire. Le dimanche suivant, 6 août 1941, les offices furent célébrés dans cette nouvelle et pauvre église, préalablement bénite. Le jeudi suivant, le chemin de croix était canoniquement érigé d'une manière solennelle, en présence de tous les enfants de la paroisse et quelques fidèles.

Le culte, depuis le 6 août 1941, est célébré dans cette petite et modeste église, où nous souffrons du froid l'hiver, et de la chaleur l'été, sans que nous puissions remédier à ce double inconvénient. Les difficultés administratives et la rigueur du temps de guerre pour le monde et d'armistice pour la France, font que les travaux de réparation n'ont pas encore été entrepris.

La démolition du clocher et de la voûte ne sauraient tarder, en attendant l'agrandissement de l'église par l'adjonction d'un cœur nouveau. De vrais bac-côtés doivent être construits pour assurer la solidité de la voûte centrale, ce qui amènera une nouvelle disposition des vitraux et de l'éclairage de l'église. Souhaitons de pouvoir rentrer au plus tôt dans la nouvelle église refaite et agrandie, dussions-nous attendre encore quelques années l'élégant clocher, dont le plan exposé sous le porche nous a rendu la silhouette familière.     

 

   Marguilliers, marguillières:  membre du conseil de la fabrique chargé d'administrer les bien d'une paroisse

   Casuel: Revenu d'une fonction ecclésiastique

   Salle Jeanne: anciennement salle de spectacle, cinéma à l'heure actuelle réfectoire de la maison de retraite rue des horts

   Ad mojorem Dei gloriam: Pour une plus grande gloire de Dieu

  1. Bénédiction des cloches  de l'église de Roquecourbe en 1782 « L'an  mil setp cent quatre vingt deux et le sixième d'Août, nous avons fait la bénédiction de trois cloches: la première qui fut dédié à Saint François pèse trois cent vingt livres, parrain le Sieur Dominique Louis de Palaminie, marraine Madame Marie de Fancieu de Palaminie son épouse, la seconde qui pèse deux cent livres est dédiée à la Sainte Vierge Marie, parrain Sieur de Royère capitaine de cavalerie, marraine Madame Magdeleine de Royère sœur abbesse de l'abbaye royale de Vielmur, la troisième dédiée à Saine Julianepèse cent cinquante livres , parrain Sieur Nobje de Rochin, marraine Madame de Lacam son épouse: Présents à cette bénédiction Messieurs curés et vicaires dénommés Sieur  Mongeaux curé de Saint Étienne de Cahuzac, Sieur Vidal curé de Saint Jean de Vals,Sieur d'Abbin curé de La Crouzette, Sieur Mahuziès curé des Fournials, Sieur de Pugnères curé de Burlats, Sieur Meymir représentant Madame l'abbesse, Sieur Roquette prêtre vicaire de Berlan notre annexeet nous curé et vicaire signés»                                                                                                                                                                                     Jean Grollier, curé             André Grusse, Vicaire                      

 

« Bénédiction d'une quatrième cloche pesant 129 livres dediée à Saint Martin évêque, le 11Août 1782, parrain Sieur Sébastien Mahuziès maître de liturgie de la ville de Castres, marraine Marie Barthès veuve de feu Jean Mahuziès de Roquecourbe.»

''Extrait des archives départementales d'Albi''

 

 

 

 

 

                                            ÉVÈNEMENTS  CONTEMPOTAINS DE L'ÉGLISE ACTUELLEMENT

                                                                                  1842 - 1942

 

   -Pour une église cent ans de vie est une histoire plutôt brève. Bien des faits cependant jalonnent les années de la vie paroissiale, dont quelques-uns peuvent retenir l'attention de l'historien.    

                                                

                                                                  -Les séllous ou cadiéirous- (1)

   - Nous avons déjà dit qu'avant l'agrandissement de l'église actuelle, l’exiguïté du local ne permettait pas à tous les fidèles d’avoir une place convenable dans l'église.Beaucoup, ne pouvant s'asseoir, étaient dans l'obligation de se tenir debout,quelques un même à l'extérieur de l'église.

Personne ne sera surpris d'apprendre que certains fidèles, malgré toutes les difficultés, arrivaient à prendre place dans l'église, à s'asseoir et à éviter la perception des impôts des chaises. Cet humain. C'est Français. Et bien Roquecourbain. Mais,'' aux grands mots les grands remèdes'' dit le conseil de la fabrique de l'époque, qui n'était pas aussi conciliant que le conseil paroissial d'aujourd'hui. Il fut décidé que l'ordre serait, malgré tout, maintenu dans l'église, et que tous les sièges même les ''séllous ou cadiéirous'' payeraient la taxe. Le conseil fut réuni en séance extraordinaire le premier dimanche du mois de janvier 1928 et prit le savoureux arrêté ci-dessous.

   «Sur ce qui a  été présenté, depuis quelques temps l'église est remplie de petits sièges appelés vulgairement séllous et cadiéirouds,de manière qu'on ne peut plus passer librement dans l'église parce que tous les passages sont fermés, que plusieurs personnes ont déjà porté plainte, et avec raison, d'un pareil désordre, et qu'il est urgent de prendre des mesures pour rétablir le bon ordre, le conseil a unanimement délibéré et arrêté ce qui suit»

    Article 1: - A commencer dimanche prochain, pendant que le Credo sera chanté ou a vêpres pendant le Magnificat les marguillières accompagnés d’un sonneur de cloches, passeront dans l'église pour enlever les séllous,cardiéirous, chaises volantes et  les enfermeront dans un lieu de sûreté, pour être ensuite rendu aux propriétaires, s'ils les réclament, sous promesse de ne plus les apporter à l'église. Mais, en cas de récidive , si, malgré la promesse, ils reparaissent une seconde fois , ils seront détruits ou jetés dans la rivière.

    Article 2:  -Si des particuliers demandent à placer quelques séllous ou cadiéirous dans certains endroit de l'église, où ils ne gêneront pas trop, ils pourront le faire avec la permission du curé et des marguilliers, mais ils payeront à la fabrique pour chaque séllous vingt cinq sols par an, ce qui fait deux liards (3) pour chaque dimanche, et si on veut une chaise volante, on payera pour chaque chaise cinquante sol par an, ce qui fait un sou pour chaque dimanche. On payera toujours d'avance et, bien attendu, que les particuliers fourniront les séllous et le chaise volantes.

    Article 3: -Pour maintenir l'exécution du présent arrêté, les marguilliers, accompagnés du sonneur de cloches, feront de temps en temps le tournée de l'église.

    Article 4: - Quand la procession du Saint Sacrement passera dans l'église, le sonneur de cloches marchera devant, pour rendre le passage libre. Enfin, Mr le Curé est prié de lire au prône la présente délibération, afin que personne ne prétexte ignorance, il avertira que si quelqu'un s'avisait de troubler l'ordre public dans l'église et de mépriser l’autorité légitime, il serait traduit devant les tribunaux, et puni selon toute la rigueur des lois.

                                              «Et ont signé les membres du conseil»

 

   -Le registre des délibération ne fait pas mention d’une révolte des séllous, il est probable que tous durent quitter l'église sans autre forme de procès ou passer par le toise de l'impôt. Il est vrai que, onze ans plus tard, l'agrandissement de l'église était entrepris et il y eu dès lors de la place disponible, les chaise avaient ainsi arrêté l'assaut de cadiéirous.

 

 

               La Sainte écriture dit:

« Ce qui a été, c'est ce qui sera.

Et ce qui c'est fait, c'est ce qui se fera,

il n'y a rien de nouveau sous le soleil»       Ecclésiaste. Ch1, v 9

 

   - Un principe de philosophie enseigne que les même causes produisent les mêmes effets. Ce qui est dit sous une autre forme par le proverbe: chassez le naturel, il revient au galop. L'histoire est donc un perpétuel recommencement. L'église actuelle non encore démolie mais interdite, nous nous sommes réfugiés dans la salle '' Jeanne d'Arc''. Nous y sommes bien à l'étroit pour l'exercice du culte, voilà pourquoi il y a trois messes le dimanche pour diviser l'assistance. Il y a des chaises, des bancs, sans agenouilloir et en nombre limité, les espaces libres sont mesurés avec parcimonie, et il n'est pas possible de se mettre à genoux, sinon par terre et avec beaucoup de peine. Aussi dès les premiers jours des séllous ont fait leur apparition dans l'église provisoire et quelques chaises volantes ont été mobilisées. L'ordre ni gagne pas toujours, en particulier pour les enterrements, les défilés ou les processions, mais les conseillers n'ont pas formulés ou transmis de plainte, et Mr le Curé a fermé les yeux. Il ne sera donc pas pris d' arrêté nouveau en attendant le nouvel agrandissement de l'église.

 

    Visites d'Experts

 

   - Frappé et inquiété par les signes évidents du travail qui s'opérait tant à la voûte qu'au clocher, je demandai au R.P.MICHEL Galen, architecte de l'abbaye d'en Calcat, de vouloir examiner l’église en vue des réparations éventuelles. Il s'y prêta de bonne grâce, et consigna ses observations dans un rapport que je communiquai à la municipalité et que j'ai déposé aux archives de l'église en 1932.

  Au moment de la reconstruction du petit séminaire de Castres , j'entrai en rapport avec l'entrepreneur qui construisait la voûte de la chapelle, M.E. Cassan d'Albi. Il vint aimablement constater  les réparations a faire pour consolider la voûte de notre église. Il consigna le détail de ces réparations dans un rapport en date du 20 Avril 1933, que j'ai déposé aux archives paroissiales.

  A la demande de M. Victor Laur, maire de Roquecourbe,  M. Henri Boissière ingénieur en chef du service vicinal à la Préfecture du Tarn, vint deux fois visiter le clocher et la voûte de notre église, une première fois en Avril 1935, la deuxième fois le 2 Mars 1938.

  Je sollicitai un nouvel examen le 4 Novembre 1938, et M. Henri Boissière me répondit le 14 Novembre qu'il viendrait incessamment avec M. l'architecte départemental, chargé de l'élaboration des travaux.

Je croyais encore à ce moment là, aux promesses officielles; j'ai bien changé depuis.

  La guerre survint, et le désastre de 1940. L’église était encore debout et le clocher aussi, mais le travail de  destruction devenait de plus en plus évident et menaçant.

  Dans l'espace de peu de temps, en 1941, deux ingénieurs furent envoyés par la Préfecture d'Albi pour un dernier examen. Le premier concluait à la nécessité de réparations à faire à bref délai, et le second au danger du public occasionné par la voûte et par le clocher. A la suite de ces deux visites et de ces deux rapports, le Préfet d'Albi demandait au maire de Roquecourbe de prendre un arrêté pour suspendre le culte dans l'église et pour décapiter le clocher. L'arrêté, condamnant l'église était pris à la date du 28 Juin 1941, et le culte commençait dans la salle Jeanne d'Arc le dimanche suivant.

 

Travaux de démolitions

 

   - Les premiers travaux, qui consistaient à démolir le clocher et la voûte, ne pourrait être entrepris, qu'après l’établissement d'un plan et d'un devis par la Délégation municipale provisoire composée  de:  M.M  René Fabre, Président / Chéri Loubet, adjoint

                 Élie Montagne,  Charles Monsarrat, Émile Loubet, membres.

 Les plans et devis, qui comportaient l'agrandissement de l'église par l'adjonction d'un cœur vers l'allée du Puisoir, furent faits par M. Léon Daures, architecte départemental, D.P.L.G diplôme par le gouvernement.

                  La dépense globale s'élevait environ à 621.600 francs

  Un emprunt de 450.000 francs fut contracté par la délégation provisoire, auprès du Crédit Foncier et une subvention gouvernementale de 450.000 francs fut obtenue après bien de démarches et de lenteurs administratives. Les Allemands, occupant tout le territoire, ne permettaient pas de construire pour une dépense s'élevant au dessus de 30.000 francs . Il était cependant possible de démolir, ou tout au moins décapiter le clocher, pour faire disparaître le danger dont il menaçait les passants et surtout les voisins immédiats.

 

Dans ce but, un contrat fut passé entre la Délégation provisoire et Mr Louis Chabbert, entrepreneur de maçonnerie à Roquecourbe en février 1943. Ce dernier prenait tous les travaux à sa charge. Il avait sous sa direction MM/ Silvio Della Schiava contremaître à Roquecourbe.

                                              Angel Zanella, maçon, de Roquecourbe

                                              Henry Salvy,maçon, de Roquecourbe

                                              Fernand Nougarède, maçon, des Salvages

                                              François Maraval, manœuvre, de Roquecourbe

                                              Émile Baheurte, manœuvre, de Roquecourbe

                                              René Vié, plombier, de Roquecourbe

  En outre, devaient travailler sous sa responsabilité: MM. Louis Andrieu, entrepreneur en charpente, de Castres, André Barthe, charpentier, de Castres,Raymond Pagès,  charpentier, de Castres, Salomon Ourset, charpentier de Sicardens.

  Les travaux de démolition furent commencés le 4 Juin 1943. Le clocher fut décapité jusqu'à la hauteur, ou presque, du faîtage de l'église, et ce qui restait, c'est à dire l'ancien clocher, fut recouvert au mois de décembre de la même année d'un toit à deux versants, supporté par une charpente reposant sur six piliers de briques.

  Le travail le plus délicat et le plus dangereux consista dans la démolition de la flèche de 11mètres, recouverte en ardoises. Il débuta par une ouverture latérale faite à quelques mètres du sommet, d'où, surplombant le vide, les charpentiers et surtout M. Vié René, plombier, faisait descendre sur le toit les ardoises et les plaques de zinc qui recouvraient les angles.Ce fut M. Vié René qui descendit avec beaucoup de sang froid la croix du sommet, placée autrefois par M. Espèce de Labessonnié.

   Pendant que ces travaux s'exécutaient, des avions allemands sillonnaient quelquefois le ciel de Roquecourbe. Apercevant un jour le plombier qui travaillait, adossé au flanc de la flèche, l'un d'eux fit plusieurs fois le tour du clocher pour marquer que ce travail n'avait pas échappé a sa vigilance, ou peut-être pour saluer le courage d'un ouvrier français qui travaillait dans le vide à 30 mètres de hauteur.

  Les tracasseries des autorités occupantes vis-à-vis de toute construction, la difficulté de trouver les matériaux nécessaires, arrêtèrent les travaux projetés, jusqu'à la libération du territoire.

 

 Travaux de reconstruction

 

  Ceux-ci furent pris en charge par la nouvelle municipalité, élue après la Libération, grâce à l'emprunt contracté par la Délégation municipale qui l'avait précédée, et a la subvention que cette dernière avait obtenue du gouvernement.

  La nouvelle municipalité était composée de: 

  Mrs    Ernest Cayssié ,maire

            Louis Siguier, adjoint

            Ernest Albert,          conseiller municipal

            René Anselme,       conseiller municipal

            Georges Auriol,      conseiller municipal

            Sylvain Azéma,       conseiller municipal

            Roger Boyer,          conseiller municipal

            Fernand Calmels,   conseiller municipal

            Louis Chazottes,    conseiller municipal,

 Mme   Rachel Geertz,       conseiller municipal

 Mrs     Fernand Laur,         conseiller municipal

            Marcel Loubet,       conseiller municipal

            Alphonse Mialhe,   conseiller municipal

            Élie Vaissières,       conseiller municipal

            André Vidou,          conseiller municipal

            Henri Oulès,    secrétaire

 Ces travaux furent exécutés selon le plan de M. Daures, architecte départemental, et sous la surveillance de M. Bazin, architecte à Mazamet. Ils furent confiés à divers entrepreneurs.

          Maçonnerie

 

   - Mr Louis chabbert, de Roquecourbe, accepta les travaux de maçonnerie qu'il mena à bonne fin avec les ouvriers qu’il avait employés pour la démolition du clocher, et auxquels s'ajoutèrent les suivant:

    Mrs.  Jean Bessière,                           maçon, de Roquecourbe

             René Tournayre, père,              maçon, de Roquecourbe

             Fernand Tournayre, fils,            maçon, de Roquecourbe

             André Farenc,                            manœuvre, de Roquecourbe

             Émile Marty,                               manœuvre, de Roquecourbe

  Le marché pour ces travaux fut conclut le 9 Janvier 1946, et ils furent aussitôt entrepris, le 12 janvier.

  Ces maçons commencèrent par faire une ceinture de ciment armé autour de la nef de l'église. Cette ceinture passaient au dessus des fenêtres anciennes; elle passe à l'heure actuelle entre les baies qui les remplacent et les œils bœuf qui les surmontent. Ils élevèrent ensuite les deux contreforts extérieurs du fond de l'église, destinés à fortifier les murs et à soutenir les voûtes dans cette partie de l'église.

  Quelques réparations devaient être faites à le toiture. Dès le début, ces réparation s'avérèrent beaucoup plus importantes qu'on ne l'avait cru. Il fallut remplacer toutes les lattes, les chevrons, deux grosses poutres du bas-côté droit et les deux tiers des tuiles.

  Les anciennes fenêtres, faites d'un encadrement de grosses pierre du Sidobre furent démolies, et de grandes ouvertures furent percées dans le mur pour construire les fenêtres actuelles. Une nouvelle fenêtre fut percée au coté ouest, au-dessus de la tribune. En tout temps le dessous de la tribune était fort obscur. Pour y remédier, l’architecte fit ouvrir les deux petites fenêtres qui s'y trouvent, et qui répartissent fort heureusement la lumière dans cette partie de l'église si mal éclairée autrefois.

  Les maçons firent aussi le crépi intérieur et extérieur des murs, et le revêtement en ciment armé des quatre grosses colonne de l'église. Ces colonnes étaient plus grosses à la base qu'au sommet, et cannelées dans le haut; les maçons avec du ciment, leur donnèrent la forme cylindrique. Enfin, à l'aide de caissons de bois, ils firent en ciment armé le gros œuvre des nouveaux chapiteaux.

  M. Cassan d'Albi, qui était venu en 1933 vérifier l'état des voûtes, soumissionna aux travaux de plâtrerie. C'était, de beaucoup, la partie principale des travaux de reconstruction de l'église.

  Des spécialistes vinrent monter un échafaudage, qui s'élevait jusqu'aux voûtes et qui  occupait environ un tiers de la nef. De petits cylindres en fonte, placés au dessous, permettaient de déplacer l'échafaudage dans l'église.

  Les plâtriers vinrent ensuite, qui commencèrent le 9 octobre 1946, l'œuvre délicate de la démolition de la voûte.

A ce travail furent employés:

Mrs. Martin Cammellas,   contre-maître,            d'Albi.

        Thomas Léopold,     ouvrier spécialisé,     de Saint Benoit de Carmaux

        Lucien Madel,           plâtrier,                       de Saint Benoit de Carmaux

        Paul Saurat,              plâtrier,                       de Vernajoul (Ariège)

        André Baïsse,           manœuvre,                de Bouyrol.

        François Marty,         manœuvre,                de Roquecourbe

   - Une partie des briques de la voûte fut employée par la municipalité à recharger beaucoup de rues ou places de la ville, le reste fut déposée dans l'allée de la rivière qui double celle de Siloé.

  Des échafaudages accrochée à la charpente de la toiture, permettaient de commencer à démolir la voûte en se plaçant au-dessus, et en commençant par la clef de voûte. Heureuse précaution, car dès le début, une partie importante s'effondra d'un coup, par suite du descellement antérieur des briques de base d'un arc-doubleau.

  Le travail lent et minutieux de réédification commença ensuite. Ces travaux devaient durer sept mois environ. Par suite de maladie de quelques ouvriers, ils ne devaient pas être terminés avant neuf mois.

  L'aspect de l'église fut complètement modifié par ces travaux, qui furent faits dans le style roman le plus pur. Les arcs, qui avaient auparavant la forme atténuée d'une anse de panier, furent transformés  en demi-cintre. Des arcs d’enjolivement furent placés sur toutes les façades de la nef et du chœur, et des demi- ou des tiers de fausses colonnes furent ajoutés aux angles du chœur et des chapelles latérales. La base des arcs des bas côtés fut transformée en console, s'alliant fort bien à l'architecture massive des chapiteaux de la nef qui leur font face. Les chapiteaux eux mêmes furent ornés de fleurettes romanes du plus gracieux effet. Comme ils avaient été abaissés et leurs arcs légèrement élevés, la voûte paraît plus élancée. 

  A mesure que les travaux se terminaient dans une partie de la nef, les ouvriers peignaient la voûte et la nef pour utiliser l'échafaudage. Le ton ivoiré uniforme fut employé pour les murs, tandis que la voûte recevait un ton beaucoup plus clair.Heureuse harmonie de couleurs, dont les rayons de soleil font ressortir toutes les nuances dans les oppositions de lumière et d'ombre, selon les heures du jour.

  Les peintres et les plâtriers, qui avaient passé les murs et la voûte à la couleur, firent de même pour les stations du Chemin de Croix et les statues, qui reçurent toutes le ton ''pierre'', pour être en accord ou en harmonie avec le reste de l'église. C'est cela qui fait de l'église un ''ensemble''. Deux nouvelles statues, dont nous parlerons plus tard en détail,vinrent prendre place dans le chœur pour relever les anciennes: le Sacré-Cœur et Saint François d'Assise, patron de la paroisse. Quelques-unes des anciennes n'ont pas reparu, parce qu'elles ne pouvaient trouver place dans cet ''ensemble''de l'église. Certains esprits chagrins l'ont regretté, qui n'ont pu comprendre qu'une église n'est pas un musée de sculpture. Vains regrets que le temps apaisera, avec la grâce de Dieu.

                                                                                           Électricité

   - Dans cette partie également, il devait y avoir du nouveau assuré par la maison Louis Goût de Castres. Aucun fil n'est visible dans l'église. Des câbles en cuivre, partant du compteur et passant sur  les voûtes, ont été glissés à l'intérieur des arcs. Ils vont aboutir au-dessus des chapiteaux sur lesquels reposent les lampes qu'on ne peut voir de la nef. De nouvelles lampes à miroir, création de la maison Phillips, donnent un puissant éclairage indirect, réfléchi par les voûtes, et heureusement dispersé dans la nef et les bas-côtés. Malgré l'intensité de la lumière artificielle, la couleur des murs lui communique une douceur très agréable aux yeux.

  Sous la direction de M. Louis Goût, chef d'entreprise, les ouvriers suivant, ont participé aux travaux.

Mrs Jean Rivals,              contre-maître, de Saïx

       François Rivals,        électricien,      de Saïx

       Joseph Paganin,      électricien,      de Lacrouzette

        Pierre Fabre,           électricien,      de Ferrières

        Robert Guiraud,      électricien,      de Castres

                                                                                               Socles

   - Les deux statues nouvelles, le Sacré-Cœur et Saint François d'Assise, ont été conçues et exécutées sur un thème donné, par le maître sculpteur Armand Pellier de Nîmes, avec la pierre des carrières de Vers, près de Nîmes. Les socles anciens n'ayant pu être utilisés, de nouveaux ont été faits par le même artiste, et avec la même pierre, en reproduction de socles du XII°siècle d'une église de Gironde.

  Toutes les autres statues de l'église, à l’exception des deux qui sont sous la tribune ( Saint Antoine te Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus) devaient reposer sur un socle composé et exécuté par un artiste d'Albi. Celui-ci défaillant, les six socles nécessaires furent exécutés en bois et en un temps record  (3 jours) par l'atelier artisanal de M. Lucien Marc, à Roquecourbe, avec la collaboration de:

   Mrs    Bernard Liévin,    de Roquecourbe

             Henri Belzon ,      de Roquecourbe

             Gaston Bélou ,     de Roquecourbe

  Mmes Denise Fabrès,    de Roquecourbe

             Coralie Bertrand, de Roquecourbe

                                                                                              La peinture

  -  La maison Alexandre et Roques de Mazamet fournit le verre dit ''cathédrale''pour fermer les toutes ouvertures de l'église, ces mêmes verres devant rester ensuite pour protéger les vitraux contre les fortes variations de température.

  Cette même maison assura les diverses peintures de l'église, en dehors de la voûte et des murs: lambris, grilles, portes intérieures des sacristies, porche,etc...La salle Jeanne d'Arc reçut dans cette circonstance la peinture nécessaire aux portes, fenêtres, et grilles, pour se préserver du mauvais temps, peinture quelle attendait depuis de longues années.

  Ces divers travaux furent consciencieusement exécutés par M. Robert  Roques, entrepreneur, et par les ouvriers Henri Xivécas, père et fils de Castelnaudary. 

             

                                                                                           Artisans divers

   - Différents corps de métiers de la localité ont participé à la construction ou à l'embellissement de la nouvelle église.

  André Molinier, forgeron, a fourni, ouvragé,et mis en place tous les fers qui ont été nécessaires pour le support des verres des fenêtres, pour les socles de toutes les statues et les consoles des arcs de la voûte.

  Louis Julié, menuisier, éventuellement secondé par René Terrail et Élie Saïssac, a fait la mise en place des lambris, le démontage et remontage des confessionnaux et de la chaire, la remise en état d'ordre et de propreté des stalles et des lambris du chœur.

  René Vié, plombier-zingueur, a remis en état toutes les conduites d'eau des toits de l'église, des annexes du clocher, et de la nouvelle toiture de l'ancienne chapelle dite des ''franciscaines''

  Ajoutons que les lambris fournis par M. Trémoulet de Mazamet, représentant la société fibro-ciment ''Elo'' de Paris .

  M. Pitié marbrier de Castres, a fourni et mis en place la marche de la table communion en marbre dit ''Comblanchien''. Cette même maison qui doit assurer la remise en état de nos trois autels, l'embellissement et la mise en place sous le porche de la plaque des Morts.

                                                                                             Remerciements

   - Action de grâces à Dieu tout d'abord, qui a permis que les travaux s'achèvent sans accident mortel, ni grave. Du début à la fin des travaux, la paroisse a prié en cette intention à tous les offices publics de l'église. Les plâtriers ont faillis être emportés par deux fois par la chute d'une partie de la voûte et par le départ inopiné d'une grosse poutre pourrie à l'une des extrémités. Un maçon est passé à travers les vieilles lattes de la toiture alors que les voûtes n'existaient plus. Il a pu s'accrocher par les bras sur deux chevrons, suspendu ainsi dans le vide, jusqu'à ce qu'un camarade vienne le tirer de cette situation inquiétante. Que ceux qui ont la foi constatent que Dieu ne reste pas sourd à la prière.

Remerciements bien sentis à tous les chefs d'entreprise qui ont eu la claire conscience de l'œuvre qui leur incombait: Mrs E, Cassan d'Albi et Louis Chabbert de Roquecourbe à Mr Léon Daures, architecte départemental, doué d'un heureux caractère, âme d'artiste qui hélas! Ne compte pas avec le temps, a Mr Bazin, architecte, surveillant des travaux, homme loyal et consciencieux qui ne transgise pas avec le devoir.

 Cordiale gratitude à Mr Louis Siguier, adjoint au maire, délégué de la municipalité, animateur infatigable de tous les travaux, qui a dépensé et s'est dépensé sans compter pour trouver les matériaux de construction si rares à notre époque.

   -  Reconnaissance infinie, au Révérendissime Dom Marie de Floris, Abbé d'En Calcat, qui a bien voulu autoriser le Père Odilon à s'occuper de notre église. Animé d'une intelligence lucide et sûre pour toutes les choses d'art, d'un cœur d'or pour ses amis et ses frères dans le sacerdoce, d'une âme d'un zèle brûlant pour la gloire de Dieu, Dom Odilon a été pour moi le guide sûr et le soutien constant des heures difficiles. C'est à lui que nous devons, avec les garnitures de nos autels et 

''le Christ de Sens'', les vitraux où le bon frère Luc a mis toutes les ressources de son talent artistique et  de sa foi monacale, pour varier les jeux de couleurs et raconter en de saisissant tableaux la vie de notre Saint Patron.

  Le dernier mot, qui vient du cœur vous le sentez bien, est pour vous tous, bien chers paroissiens qui, par votre bonne volonté, vos efforts et votre générosité, m'avez permis d'édifier une belle église à la louange et à la gloire de Dieu.

  Que cette demeure de pierre, notre œuvre commune, s'élève dans le ciel comme un symbole des sentiments chrétiens de nos cœurs, comme une prière perpétuelle pour nos devanciers et pour toutes nos nécessites terrestres.

  Que notre communauté paroissiale, véritable Église vivante, soit digne de notre église rajeunie, par sa foi ardente, sa charité fraternelle et l'élan de son apostolat conquérant.

 

                                                        INAUGURATION   DE  L'ÉGLISE  RESTAURÉE

 

   -Ce dimanche 1er juin 1947, que la paroisse a repris officiellement possession de l'église restaurée. La cérémonie n'a pu avoir lieu que le soir, Mgr l'Archevêque étant retenu ailleurs par des engagements pris de longue date.

  Malgré un travail préparatoire intense, malgré des heures supplémentaires de nuit faites bénévolement par des ouvriers et des hommes dévoués, il y avait encore des échafaudages dans le fond de la nef. Tout le reste avait été dégagé, ainsi que le chœur; les statues et les stations du Chemin de Croix, mises en place. Les chaises, remisées dans la salle de la musique, n'ont pas paru pour cette cérémonie, elles avaient été remplacées par quelques bancs réservés aux autorités, aux enfants des écoles, et à quelques fidèles. L’Église, telle quelle, a bon aspect, elle plaît aux plus exigeants avec sa couleur si douce au regard, ton ivoiré, avec la voûte plus claire, les statues et les stations du Chemin de Croix passées au ton pierre.

  Mgr l'Archevêque, assisté de M. le chamoine Jalabert, vicaire général, arrive à l'heure fixée, 17h 30    Il est conduit en procession du presbytère à la place de l'église, où il est accueillit par un morceau de musique du Réveil Roquecourbain.

  Là se trouvait réuni le conseil municipal, au complet, entourant Mr Ernest Cayssié, maire. Celui-ci fit l'historique des travaux de réparation de l'église, souligne les privation de la population pendant six ans d'absence hors de l'église, et le désir de tout les fidèles de revenir dans une église artistiquement refaite. En signe de tradition de l'église, il en remet le clé à Mgr l' Archevêque, qui la donne à son tour à Mr le Curé.

  Dans une improvisation pleine d'à-propos, Mgr remercie Mr le Maire, le conseil municipal, la population, l'architecte et les entrepreneurs présents, des efforts et des sacrifices accomplis pour refaire une église, digne de Dieu et d'une population très chrétienne.

  La foule rentre aussitôt dans l'église à la suite du conseil paroissial et du conseil municipal, de l'architecte départemental et des entrepreneurs. Dès le seuil, Mgr l'Archevêque est reçu par Mr le Curé qui lui donne le crucifix à baiser, lui présente l'eau bénite dont le Pontife se signe et asperge l'assistance, et l'encense comme le représentant de Dieu.

  Pendant que le cortège gagne l'autel, la chorale soutenue par l'harmonium et la fanfare, chante un '' Benedictus''à deux voix alterné avec les versés d'un Psaume. Mgr l’Archevêque monte alors en chaire pour expliquer la mission de l'église, maison de Dieu et maison de prières. Il montre qu'il a suivit de très près les travaux de restauration en remerciant les deux municipalités qui ont participé à l'établissement des plans, devis et emprunts. Il souligne en même temps le talent et le goût de l'architecte départemental et des entrepreneurs qui ont réalisé une œuvre d'art en des temps bien difficiles. Il exprime le désir que ce nouvel édifice un lien entre toutes les âmes de bonne volonté, pour que l'union et la concorde s’établissent dans la cité. Il Dit ses remerciements à la population chrétienne, qui a su faire les sacrifices nécessaires pour renouveler son église, et à celui qu'à été l’axillaire de Mr le Curé et l'âme des travaux, et qu'un accident malencontreux prive de cette cérémonie. Il termine en expriment le souhait que l’église soit bien utilisée par la fréquentation des offices et l'assiduité auprès de la chaire de vérité.

  Un choral puissant et bien entendu, à deux voix. ''Tout l'univers est plein de sa magnificence'', permet à Monseigneur de descendre de chaire et venir à l'entrée du sanctuaire où il remet la médaille de Sainte Cécile (ordre paroissial), à Mademoiselle Marguerite Mialhe marguillière et  Mrs Joseph Combes, conseiller  paroissial, René Fabre, président du conseil paroissial, Raymond Laval, maître de chapelle et Louis Siguier, conseiller paroissial délégué aux travaux de réparations.

  Disons en passant que la médaille Sainte Cécile est une distinction diocésaine accordée par  Mgr l'Archevêque pour la générosité ou le dévouement en faveur des paroisses ou œuvres diocésaines. La médaille, très artistique, gravée au nom du titulaire, est suspendue à un ruban rouge avec filet blanc, couleurs du chapitre de l'insigne église métropolitaine Sainte Cécile d'Albi.

  Le salut du Saint Sacrement présidé par le R.P. Ernest Terral du T.O.R, Saint F d'Ambialet, a clôturé cette cérémonie d'inauguration, si belle par l'harmonie des arcs et des couleurs de l'église , l'éclairage indirect de l'édifice et la décoration des autels, l'assistance si nombreuse dans laquelle se trouvait un certain nombre de protestants, chants aussi bien choisis que parfaitement exécutés, avec l'accompagnement de l'artiste qu'est Mr Gérard Laval, et enfin par la satisfaction et la joie non dissimulée de toute une population chrétienne, heureuse après six ans d'absence, de trouver son église embellie et pleine de riche couleurs et de lumière.

  Avant de quitter le chœur, Monseigneur a tenu à dire ses compliments à la chorale qui a rempli son rôle avec éclat pendant toute le cérémonie. Dans le parcours de l'église au presbytère, Monseigneur a multiplié ses bénédictions à l’assistance dans l'église et aux nombreux enfants qu'on lui a présenté au dehors, sur la place de l'église.

  De retour au presbytère, Mr le Curé a offert un vin d’honneur au Conseil paroissial et au Conseil municipal, aux artisans des travaux de restauration, architecte, entrepreneurs et aux nouveaux décorés. Une atmosphère de véritable union sacrée s'est crée dans une amicale causerie, et il y a tout lieu de croire que les fruits n'en seront pas perdus.

  Dans un geste de délicate bonté, Mgr l'Archevêque, avant de rejoindre Albi après une rude journée de travail, a bien voulu aller au domicile de Mr Louis Siguier, animateur des travaux et des dévouements à l'église, pour lui remettre la médaille de Sainte Cécile. Et cela, en présence de sa famille, du R.P . Germain Gau, du T.O.R.  Saint F. d'Ambialet, qui avec le R.P. Ernest Terral, représentait à la cérémonie les prêtres originaires de la paroisse, et de quelques amis.

  Qu'il me soit permis d’utiliser le Bulletin pour remercier encore une fois Mgr l'Archevêque pour la joie qu'il a donnée à la paroisse et d'une manière générale, les ouvriers plâtriers et maçons, peintres et menuisiers, plombier et forgeron, qui ont travaillé de longs jours, non sans fatigue et sans danger, et toutes les bonnes volontés qui se sont prodiguées pour le nettoyage final de l'église et l'ornementation des autels.

  C'était une joie et un réconfort pour moi de voir, la veille de l'inauguration, les hommes s'employer aux travaux de propreté des verrières, du parquet de la nef et du chœur. De voir les femmes et les jeunes filles travailler de leur côté, sous la directions des marguillières, avec goût et énergie, au nettoyage et à l'ornementation des autels.

  Parce que nous lui avons donné le meilleur de nous-mêmes, nous pouvons parler avec joie et fierté de '' notre chère église''

 

                                                                          OBJETS  RELIGIEUX

 1° Offerts: Un plateau de communion avait été demandé. Deux ont été offerts par deux familles de la paroisse. Nous les attendons incessamment.

 2° Promis: Un aspirateur est devenu indispensable pour maintenir église, statues, tapis, en état de propreté. Une famille veut bien s'intéresser à l'achat.

  Dom Odilon a dessiner des croix et des chandeliers pour les autels. Une famille a promis ''le Christ de Sens'' pour le maître-autel. Une usine a promis les chandeliers de la chapelle Saint Joseph, exécutés par une maison de Lyon.

 3° A offrir: Les chandeliers du maître-autel et de la chapelle de la Vierge. La lampe du Saint Sacrement qui sera dans les style des chandeliers des Autels (combinaison de bois et de cuivre)

                  Ces objets nous représenterons devant Dieu. Ils prieront pour nous.

 

                                                                ÉRECTION D'UNE CROIX DE MISSION

 

   - Nous savons qu'une croix imposante avait été plantée au XVII siècle sur l'emplacement de l'ancien temple, et bénite solennellement par Mgr l’Évêque de Castres. Cette croix a dû disparaître au moment de la révolution et a été remplacée depuis longtemps par un ormeau.(4)

  Le 18 juin 1835 une autre, dite de la Mission, fut plantée auprès de la route de La Bessonnié et des indulgences y furent attachées comme en fait fois le procès verbal suivant:

  « Nous, soussigné, prêtre,d'après les pouvoirs qui nous ont été accordés par N.S. Père le Pape, en date du 11 janvier 1826, avons attaché les indulgences ci jointes à la croix de la Mission de Roquecourbe plantée le 18 janvier 1835 auprès de la grande route de Labessonnié».

  1e « - Tous les fidèles de l'un ou l'autre sexe qui visiteront au moins trente fois la Croix de la mission, pourront gagner une indulgence plénière, le jour qu'ils choisiront, pourvu que ce jour là, s'étant confessés et ayant communié, ils visitent dévotement une église ou un oratoire public et qu'ils y pris un peu de temps selon les intentions de Sa Sainteté».

  2E « - Tous les fidèles pourront, chaque fois qu'ils visiteront dévotement et avec un cœur contrit la Croix de la Mission,gagner 300 jours d'indulgence, mais seulement une fois par jour en récitant  trois fois l'Oraison dominicale, la salutation angélique, le gloria patrie en mémoire des trois heures d'agonie de N.S.J.C..., et cela à perpétuité».

  En fois de ce, à Roquecourbe le jour et an dessus.          Signé: Laffon, Curé   Cros, Vicaire

  Cette croix subsista jusqu'en 1860. Avait elle été détériorée par le temps ? Avait on voulu la remplacer par une autre plus imposante et plus belle ? Il n'en est pas question dans les archives, qui signalent simplement qu'une nouvelle croix fut planté au même lieu. Voici le compte rendu de cet événement.

   L'an mil huit cent soixante et le vingt quatrième jour de juin, fête de la Saint Jean Baptiste, une nouvelle croix a été plantée sur place en avant de l’Établissement des Religieuses de le Présentation, et solennellement bénite avec application d'indulgences par Mgr Jean Joseph Marie Eugène de Jerphanion, Archevêque d'Albi, au milieu d'un grand concours de fidèles de la paroisse de Roquecourbe et des paroisses circonvoisinantes.

  Mgr était assisté dans cette cérémonie par Messieurs Cayzac, vicaire général du diocèse, Boyer, supérieur du petit séminaire de Castres, Landou, curé de la Bernadié, Bertrac, curé de Saint Jean de Vals, Vieu, curé de Saint Germier, Cousinié, professeur au petit séminaire de Castres, Poux, vicaire de Roquecourbe et nous, curé du dit Roquecourbe, soussigné:  Bonnet  Curé

  Sur le socle de cette croix, un siècle exactement après l'érection de le première, fut placé une plaque de marbre pour commémorer le jubilé de la Rédemption en 1935

 

                                                                    UN NOUVEAU CIMETIÈRE

   

   -Au 18ième siècle il es question d'un cimetière qui était situé au nord-ouest de la porte d'Amont, c’est à dire à l'emplacement actuel de l'immeuble de Mr Laur. Il  y a lieu de croire que les inhumations se firent dans ce cimetière jusqu'en 1846. C'est à cette date, en effet, que fut béni de manière solennelle un nouveau cimetière concédé à la population catholique.

  « L'an mil huit cent quarante six le premier du mois de janvier, vu l'arrêté de M. le Maire de Roquecourbe en date du 15 décembre 1845, par lequel toute inhumation dans l'ancien cimetière sera prohibé au 1er janvier 1846, et par lequel arrêté un nouveau terrain est livré aux catholiques pour la sépulture de leurs morts, à partir de la même époque du dit 1er janvier 1846.

  Nous, prêtre soussigné, Vicaire forain et Curé du district de Roquecourbe, d'après autorisation archiépiscopale en date de 8 décembre 1845, nous nous sommes transporté processionnellement avec le clergé, les marguilliers et les fidèles de la paroisse convoqués à cet effet, sur le terrain destiné à la sépulture des chrétiens catholiques de Roquecourbe, et en avons fait la bénédiction solennelle, selon les rites et avec les cérémonies en usage dans l'église romaine.

  La partie réservée pour la sépulture des enfants morts sans baptême et autres privés des honneurs et des suffrages de la sépulture ecclésiastique, est dans l'angle nord-ouest, séparé du terrain bénit par une haie de buis.

  En foi du tout nous avons dressé le présent procès-verbal que notre Vicaire et Messieurs les Marguilliers ont signé avec nous:»   Bonnet  Curé.

  En 1866, le mur du cimetière menaçait ruine, à tel point que le conseil, par une délibération en date du 11 novembre 1866, reconnaît l'urgence de la réparation et demande à son trésorier de faire diligence « afin d'éviter des dépenses ultérieures, qui seraient considérables par suite aux dégradations continuelles qui ne seraient que l'effet naturel de celles qui existent aujourd'hui.»

  A l'heure actuelle, une semblable délibération pourrait être prise pour éviter des dégradations, qui ne font qu'augmenter depuis plusieurs années.

  Ce cimetière devenu trop petit a été agrandi vers le Nord en 1920, une partie du terrain ayant été réservée au nord-est, pour la sépulture des enfants morts sans baptême et les fidèles privés des honneurs de la sépulture ecclésiastique.

 

                                                                           TRAVAUX  A  L'ÉGLISE

  Décembre 1946

   -Les vitriers ont placé du verre dit ''cathédrale'' à toutes les ouvertures nouvelles, et aux anciennes dont les verres avaient été cassés à coup de fronde par les enfants.

  Les plâtriers finissent la deuxième travée des voûtes, pour commencer en janvier la troisième et dernière travée. Il ne restera ensuite qu'à plâtrer les murs et la voûte du sanctuaire.

  Les maçons qui ont un travail en éclipse, devront repiquer les murs du sanctuaire, terminer le crépi de ces mêmes murs et la façade Est de l'église. Il y a lieu de croire que tous ces travaux pourraient terminés en mars.

  Entre-temps il y aurait l'installation électrique à faire, les stations du chemin de croix, les statues et les lambris à poser, les autel a réparer, et une part assez large à faire a l'imprévu. Je crois qu'à Pâques nous pourrons fixer, d'une manière précise, une date prochaine pour notre entrée dans l'église restaurée.

 

                                                                                   AUTEL MAJEUR

 

   - Mettre un autel en place n'est pas une chose difficile, surtout quand toutes les parties en ont été débitées, polies ou sculptées dans un atelier.

 Mais cet autel, quand il s'agit d'un autel majeur, ou maître-autel, comme c'est le cas dans notre église, soulève bien des problèmes. Il appelle tout d'abord un tabernacle approprié. Le tabernacle, demeure de Dieu, est une partie de choix. Il y a ensuite les draperies ou courtines qui, à elles seules, seront le principal ornement de l'autel et le mettront en valeur. Ces étoffes dont la couleur variera avec les périodes ou fêtes liturgiques, devront s'unir à tout ce qui les encadrera. Le grand crucifix, les statues, les lambris, doivent faire un tout en harmonie avec le style simple et dépouillée de l'église.

 L'autel est prêt ou presque. Les ouvriers travaillent au tabernacle. Des recherches sont faites pour trouver des étoffes belles, solides et d'un prix raisonnable. L'entrepreneur verra sur place la meilleure façon de fixer les tentures, et les modifications à apporter aux lambris du fond du cœur . C'est une affaire de quelques jours. Les travaux seront en fonction du jour choisi par Mgr l'Archevêque pour la belle cérémonie de la consécration de l'autel. Quand cette date sera fixée, les travaux commenceront. J'ai lieu de croire, qu'en fin de compte, les plus exigeants seront satisfaits.  En attendant, je fais comme l'homme de l’évangile qui, voulant construire une tour, en suppute la dépense, par crainte de ne pouvoir la finir et d'être tourné en ridicule. Je compte l'avoir et les promesse faites par des amis, je fais confiance ensuite à tous les paroissiens. Comme pour la restauration de l'église, je suis sûr que chaque famille aura à cœur de participer généreusement à la mise en place de ce qui est le fond de notre vie chrétienne: l'autel. La souscription est ouverte. Dix familles y sont inscrites. L’excédent des recettes servira au carrelage du sanctuaire.

 

                                                                                   Consécration d'Autel

 

   -C'est une belle cérémonie assurément, nous avons pu nous en rendre compte le Dimanche 14 mars (1954).

  Belle cérémonie par le déploiement de la pompe épiscopale, qui entoure toute solennité présidée par un Évêque. Belle aussi par le symbolisme des rites ou des gestes, qui donnent à un autel toute sa valeur spécifique. Exorcisme du sel et de l'eau qui, avec les cendres, serviront à faire l'eau grégorienne dont le pontife lavera et aspergera l'autel. Les encensements, les onctions sur l'autel quand les reliques des  martyrs ont été scellées dans le tombeau. Ruissellement de l'huile des catéchumènes et du saint chrême sur la dalle sacrée, embrasée de cinq parfums d'encens. Ces rites terminés, l'autel est ensuite paré et orné pour la première messe qui va y être célébrée. 

  Mais avant que la messe commence, le pontife, suivi du clergé et de toute l'assistance présente va baiser le tombeau des martyrs et le berceau spirituel du Christ.

  Nous devons un grand merci à Mgr Marquès, délégué par Mgr l'Archevêque, dont le piété et la simplicité ont donné encore plus d'éclat à cette cérémonie, et lui ont conquis tous les cœurs. Un grand merci à Mgr Jalabert, dont le souci des détails préparés à l'avance, ont contribué au parfait déroulement de cette longue cérémonie.

  Nous devons un merci cordial et bien senti à Mr. le Supérieur du petit séminaire de Castres, qui avait délégué M. l'abbé Veaute, doué de talents et d'expérience pour diriger les chants de 18 grands choristes, exprimant les prières liturgiques avec art et ferveur. Mr l'abbé Maurel, maître des cérémonies qui faisait évoluer des dix acolytes et tout le chœur avec ensemble et précision. Mr. l'abbé Escande a voulu faire arriver jusqu'à l'assistance la fumée de l'encens parfumé, symbole de prière.

  Toute la paroisse a vu avec joie Mr.l'abbé Maffre, chamoine titulaire, avec les insignes de sa dignité, entourant Mgr l’Auxiliaire, et Mr. l'abbé Latger, curé doyen de Sorèze, tous deux enfants de la paroisse.

  Au chœur, Mr. Le chamoine Goffre, archiprêtre honoraire, aumônier du Couvent Bleu de Castres, et Mr. L'abbé Frézouls, Curé des Salvages, représentant les curés du doyenné, retenus chez eux par les offices du dimanche.

  Un déjeuner intime a permis de réunir autour de Mgr. L’Auxiliaire, avec les membres du clergé et les entrepreneurs qui avaient participé aux réparations de l’église et à l'érection du Maître-autel.

  Nous avons maintenant un autel digne de l'église restaurée. L'ancien menaçait de s'effondrer. Le conseil paroissial et moi-même le savions depuis quelques années. Mais la démolition nous a révélé des menaces plus grandes et plus précises que celle que nous connaissions. Il était temps de le démolir pour le restaurer ou le remplacer. Devant l'ampleur de la réparation, il valait mieux faire du neuf. Ce que nous avons fait.

  Tout le monde s'accorde à dire que nous avons une œuvre de bon goût et de simplicité, en harmonie avec la beauté sévère de l'église. Une belle œuvre, rehaussée par les tentures qui lui servent de fond, majestueuses par le drapé et les couleurs si agréables à l' œil et qui varient avec les fêtes.

  Je dis merci à toutes les familles de la paroisse et de l'extérieur qui ont permis par leurs offrandes de faire une aussi belle œuvre qui nous aide à prier en élevant notre âme de la beauté terrestre à la Beauté suprême  C'est notre avantage, que de surcroît de ferveur obtenu par  l'œuvre d'art qu'est notre Autel Majeur. C'est l'avantage de tous nos défunts aussi, qui ne seront jamais oubliés dans les prières pour les bienfaiteurs de l'église.

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